Après l’annonce, le 30 - 08, de l’autorisation des heures supplémentaires dans les secteurs concernés par la Défense nationale, les sections du PCF et de la SFIO de Couronne affirment, dans un communiqué, leur accord pour le maintien des 40 h, la fin de la non intervention en Espagne, protestent contre la libération des comploteurs cagoulards.
La Kermesse du Comité du Front populaire, à Grand Couronne, le 04 -09, organisée au profit des Vieux travailleurs et pour l’instauration d’une vraie retraite obtient un franc succès, le thème est consensuel.
La CGT mobilise elle aussi Le 30 août, sans autorisation préalable, la Fédération régionale invite les ouvriers de la Chimie à une réunion à Petit Quevilly, les orateurs condamnent le nouveau décret et font huer Daladier.
Les syndicats des I.C. de Petit et Grand Couronne distribuent un tract « Le mauvais coup est fait qui dénonce le décret et annonce une manifestation le 06 - 09. En fin de journée 2500 participants (1000, selon les Renseignements Généraux ) s’assemblent sur le terrain vague devant la SONOPA. Les orateurs : PCF, SFIO, CGT invitent à l’union pour sauvegarder les conquêtes sociales.
Drapeaux en tête, au chant de l’Internationale, un cortège se dirige ensuite vers la mairie de Grand Couronne scandant « ne touchez pas à nos 40 heures », « Daladier démission », « Les Cagoulards en prison ». Une nouvelle fois, les Couronnais confirment leur hostilité à la remise en cause des acquis de 1936.
Ils les défendront quelques semaines plus tard avec une détermination sans failles. Seconde défaite, l’échec de la grève générale De Munich aux décrets Reynaud.
La capitulation des démocraties devant les exigences du Führer, le 29 - 09, à l’issue de la Conférence de Munich, satisfait l'opinion.
Daladier est accueilli triomphalement à son retour à Paris. Il a les mains libres pour appliquer sa politique : réarmer, briser l’opposition du mouvement ouvrier. Reynaud devient ministre des Finances, du 12 au 15 novembre, le Gouvernement publie une série de décrets lois dont celui qui, sans la supprimer, vide de son contenu « la loi des 40 heures ».
Reynaud peut déclarer à la radio « la semaine des deux dimanches a cessé d’exister. ».
Chez les ouvriers c’est l’incompréhension, le refus catégorique. Pour A. Prost (1) « Les 40 heures sont un dogme pour les ouvriers et aucun raisonnement économique ou politique ne peut l’ébranler ».
Le PCF, la SFIO, le Congrès de la CGT réuni à Nantes condamnent les décrets. La résolution finale du congrès envisage une cessation collective du Travail. La C.A. de la CGT lance le 25 11 un ordre de grève générale de 24 heures pour le 30 novembre. Le patronat et le gouvernement sont résolus à l’épreuve de force et la préparent.
Le premier fait savoir qu’il considère que la grève est politique, qu’elle constitue une rupture de contrat de travail entraînant le licenciement. Le Gouvernement réquisitionne les fonctionnaires et la SNCF, mobilise les forces de l’ordre pour faire évacuer les entreprises si nécessaire.
La Grève éclate dès le 23 à Saint Gobain Comme à Paris, et dans le Nord, l’application provocatrice par la direction de St Gobain du décret, sans consultation préalable, le 23 - 11, elle décide d’étaler, sans nécessités productives la semaine de travail sur 6 jours, suscite la colère des ouvriers, ils cessent immédiatement le travail imités par ceux de Bozel, de la Bordelaise, des dépôts pétroliers.
Le 25, PEC et SCPA sont en grève, à 15h 15 ; l’usine temporairement occupée, est évacuée sans incidents ; 2 pelotons de gendarmes ont été appelés en renfort. Chez Jupiter, le même jour, en fin de journée, 500 salariés entendent Massie énumérer les revendications présentées à la direction, l’après-midi.
On passe au vote : sur 410 suffrages exprimés 268 se prononcent pour la cessation du travail, courte majorité.
La grève commence immédiatement. Le 26, un comité de Grève est formé, mais 2 pelotons de GMR supplémentaires maintiennent le libre accès à l’usine.
Le soir 500 Couronnais se rendent à Rouen à la Halle aux Blés où sont rassemblés les grévistes de la rive gauche, ils entendent l’un des orateurs déclarer « Non, M. Daladier, la classe ouvrière n’obéira pas à Hitler ».
La grève se poursuit, le 28 elle reste majoritaire chez PEC/SCPA, mais chez Jupiter, à 17H 30, 670 salariés sont au travail, 336 en grève, l’échec de janvier a laissé des traces. Le 29, chez SONOPA, le syndicat consulte les salariés : 79% décident de participer à la grève générale du lendemain.
À Grand - Couronne, elle est un succès, sauf chez Jupiter les ¾ des salariés sont en grève. Ils sont très attachés aux 40 Heures et peut-être plus encore à « la semaine des deux dimanches », elle permet, avec les quarts, à tous ceux qui résident encore sur le plateau du Roumois de partager leur vie entre le travail sur de micro exploitations agricoles, (la leur ou celle de la famille) et l’usine, ils ne comprennent pas chez SONOPA et PEC qu’en période de chômage partiel on les contraigne à renoncer à cet avantage.
L’opposition est moins vive chez Jupiter, la direction n’a pas encore appliqué le décret et elle vient d’accorder une nouvelle augmentation de 4% ;