Moyen Âge

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Moyen Âge

Le plus ancien document (un cartulaire de l’abbaye de la Trinité du Mont) où apparaît le nom de Couronne sous la forme Curtulmo, date de 1024 environ. À partir de ce moment, l’existence d’une communauté villageoise sera confirmée par des citations, dans des textes, de plus en plus nombreux au fil du temps. Grand-Couronne, Petit-Couronne et une partie de Moulineaux ne forment alors qu’une seule paroisse, autour d’une église située à Grand-Couronne. L’origine du nom Couronne semble bien être scandinave. Les formes que revêt cette appellation, latinisée dans les écrits, paraissent le prouver : Curtehulm, Curtehulmi, Corhulma, Corolme, Curulmum, Coronam proviendraient de Corholm signifiant “endroit frais, humide”.

La séparation des deux Couronne apparaît au 12e siècle dans les archives : “Corulmo minore”, “Magna Coroma”. “Molinelles” (Moulineaux) est cité dans un texte de 1066.

 

Il semble qu’une solide communauté se soit constituée très tôt à Grand-Couronne. En effet, vers 1150, l’impératrice Mathilde (qui apparaîtra ensuite sous le nom d’emperesse ou “reine” qu’elle n’a jamais été) fait don à la communauté du village de vastes prairies situées dans la partie basse du lieu. Les documents mentionnant cet événement semblent définitivement perdus, mais la légitimité de la possession collective ne peut être mise en doute. En effet, au long des siècles, la paroisse fut en but aux prétentions du pouvoir royal désireux de mettre la main sur ces terres. Des procès opposèrent le modeste village à la puissance royale en 1523 mais surtout à partir du 17e siècle : 1627, 1628, 1636, 1657. Son dossier devait être solide et bien documenté puisque le transfert à l’État ne se fit jamais malgré l’obstination de celui-ci. En 1815 une nouvelle tentative de la monarchie se termine par la reconnaissance par le baron Louis des droits de possession des “communaux” par le village. Mais ce n’est qu’en 1830 que ce litige prit définitivement fin. Au fil des siècles, une bonne partie des ressources de la paroisse, puis de la commune, provient des prairies; à certaines périodes, elles représentèrent plus de la moitié de ses revenus ! Une organisation précise, qui se maintint pour l’essentiel jusqu’à la disparition des “communaux” prévoyait deux types d‘utilisation: une période de l’année où les bêtes des tiraient des recettes de biens situés à Grand-Couronne. Les abbayes de Jumièges (1025), Saint-Ouen (1026), Fécamp (1035), les Sœurs lépreuses de Quevilly (1183), La Trinité du Mont, l’Hôtel-Dieu.

Au XIIIe siècle la paroisse comptait 120 feux soit environ 600 habitants pouvaient paître contre paiement d’une taxe, une autre où le foin était vendu. Ce système perdura jusque dans les années 1930-1940. Des Couronnais se souviennent encore que du foin fut distribué à la fin des années 1940.

 

Une église Saint-Martin fut élevée aux 11e-12e siècles. Elle fut remplacée par une autre au 13e siècle. Il subsiste de celle-ci le clocher, construit dans la deuxième moitié du siècle, et le chœur élevé au 14e siècle. La nef a été totalement refaite au 19e siècle.

   

Une autre construction voit le jour, probablement au 13e siècle : Le Manoir du Roi, ou manoir Fichon, situé à l’endroit où s’élève maintenant la mairie. Faisant partie du domaine royal, il vit passer momentanément Blanche de Castille, mère de saint Louis, en 1212, et vraisemblablement celui-ci vers 1250. Mais c'est surtoutPhilippe le Bel qui y fit plusieurs séjours en 1290, 1304, 1309, 1312, attestés par des décisions royales datées de Grand-Couronne, La forêt du Rouvray, giboyeuse, attirait ce gros chasseur. Une léproserie Saint-Marc fut édifiée au 13e siècle également vers Moulineaux. De nombreux établissements religieux  habitants.

   

La guerre de Cent Ans fut une épreuve pour la paroisse comme toutes celles entourant Rouen. Le 6 janvier 1357 les Navarrais de Charles le Mauvais, qui faisaient cause commune avec les Anglais, brûlèrent le Manoir du Roi, qui ne fut jamais reconstruit, l’impécuniosité du roi étant en cause. Seule, la chapelle Saint-Eustache, adjacente au manoir, fut épargnée. Dans le temps le site du Manoir et ses ruines furent vendus plusieurs fois, mais il garda son nom au moins jusqu’au 18e siècle.

Les défrichements opérés dans la forêt de Rouvray par les moines, dont ceux de Grammont et de Saint-Dominique d’Émenneville, sont attestés dès le 12e siècle. L’un d’eux portait le nom d’Essart Fichon, celui-ci étant le chef des archers de Philippe le Bel. Le hameau des Essarts lui-même est attesté sous ce nom en 1454. Là aussi la guerre de Cent Ans fit des ravages. Un aveu de 1399 par le fief des Essarts précise : “ …par les mortalités et fortunes …” sont les dites terres tournées en bocages, en ruines et en désert sauvage de fougères, de genêts et d’autres bois. De même, le cheptel agricole d’élevage avait fortement diminué par les rapines des pillards et des gens de guerre.

Durant le 15e siècle, se précisent les droits d’usage de la forêt (interdiction d’y mener paître les moutons, privilège d’y prendre du bois décerné à la paroisse, droits de chasse…). Les travaux d’aménagement du Marais se multiplient (mention du fossé Blondel en 1411).

Malheureusement, la guerre renaît, sporadiquement, avec son cortège de mercenaires avides de butin qui désolent la rive gauche de la boucle de la Seine. En 1418, “exploit légendaire” des hommes d’Henri V d’Angleterre qui font traverser par ses bateaux, à travers la forêt, cette boucle de la Seine de Grand-Couronne à Orival en les halant.

   

À la fin de la guerre de Cent Ans (1453) et des épidémies de peste, récurrentes depuis 1348, la paroisse de Hautot-sur-Seine, qui avait 200 habitants au 13e siècle, tomba à 30, puis atteignit 60 en 1471 ! Grand-Couronne fait alors partie des 57 paroisses qui appartiennent en fief au temporel de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives.

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