XVIe et XVIIe siècles
XVIe et XVIIe siècles
XVIe siècle
Commencent à s’envenimer les rapports à propos du titre de seigneur de Grand-Couronne : les religieux de Saint-Pierre-sur-Dives prétendent y avoir droit. Les tenants du fief Deshaies, qui existent depuis les 12e et 13e siècles, négligeront cette prétention jusqu’au 18e siècle. La famille qui le possède au début des années 1500 est celle des Poillelevillain, qui le rend à la famille de Civille (avec droits de moulin et de colombier). Enfin, pour plus longtemps, il passe à Jean Bonshoms et ses successeurs.
La forêt est surexploitée. L’Assemblée municipale de Rouen affirme, le 24 avril 1506, que “les forêts sont épuisées ; si l’on voulait tirer du bois de celle du Rouvray, elle serait détruite et rasée en moins de trois ans”. Le “bateau de La Bouille”, qui assurait des voyages épisodiques depuis 1477, fonctionne régulièrement à partir de 1523, halé sur un chemin qui longe la Seine sur la rive droite.
L’ordonnance de Villers-Cotterets (1539) impose désormais la rédaction des actes d’état civil en français, et non plus en latin. Dès lors “Corona” est définitivement remplacé par Couronne. Mais on trouve encore jusqu’en 1640, dans la paroisse, des actes rédigés en latin. La chapelle Saint-Eustache, qui avait survécu à la guerre de Cent Ans, est détruite en 1562 (ou 1563) par les protestants lors de la première guerre de religion.
XVIIe siècle
Les religieux de Saint-Pierre-sur-Dives (fief de l’Épinette) et les tenants du fief Deshaies continuent leur querelle à propos de la seigneurie de Grand-Couronne. Les premiers démentent aux seconds le droit de faire sonner les cloches pour leurs plaids et celui d’avoir un siège particulier à l’église. Le fief Deshaies passe en 1667 de la famille Bonshoms à celle des Soyer d’Intraville. Ceux-ci le vendent en 1692 à Le Cormier de Sainte-Hélène. À la fin du siècle (1698), Haillet en prend possession.
Ce siècle (règnes d’Henri IV, Louis XIII et Louis XIV) est une période très difficile pour les Français en général et pour la paroisse en particulier. En effet, la peste réapparaît à Rouen et dans ses environs. À ce fléau s’ajoute celui des conflits rouennais avec l’État qui amènent dans notre région des mouvements de troupes “qui vivent sur le pays”, pillant les modestes ressources des paysans, semant la peur et la désolation. Ainsi la révolte des “Nus-Pieds” contre la gabelle (impôt sur le sel) et d’autres taxes culmine d’août à novembre 1639, à Rouen, où se déroulent les incidents les plus graves de la sédition (saccages des bureaux de recettes, incendies de maisons de percepteurs, mise à mort d’agents des finances …). En novembre, le roi envoie le maréchal de camp Gassion et ses troupes mater la révolte. Ils passent à Grand-Couronne les 13 et 14 ; en décembre, ils y repassent. Tout ce monde, dont le chef, loge dans la paroisse, ainsi qu’à Moulineaux et à Oissel. On y voit même passer, au début de 1640, le chancelier Séguier.
Des faits semblables se déroulent au moment de la Fronde, révolte des nobles contre l’autorité royale (1649). Des combats confus ont lieu à La Bouille en mars, à Moulineaux en mai, avec les mêmes conséquences calamiteuses : “Dans les huit ou dix lieues où nous avons séjourné pendant deux mois, nous avons mangé sur le pays sans rien payer”, dit le duc d’Harcourt, chef des troupes royales.
Plus généralement, les guerres qui ont été menées si fréquemment contre les voisins de la France et en Europe ont nécessité des levées d’impôts très lourdes à supporter. Ajoutées à de fréquentes disettes (sept sous le règne de Louis XIV) dues aux aléas climatiques ou aux ravages des gens de guerre, elles plongent les populations, surtout rurales, dans une extrême misère. En 1621, un arrêt du Conseil et des lettres patentes du roi déchargent les habitants de Petit-Couronne, de Grand-Couronne et de Moulineaux du paiement de la taille de l’année, qu’ils auraient été bien incapables de fournir. Mais lors de la plus terrible crise, celle de 1692 à 1694, où l’on mourut vraiment de faim, les gens furent réduits à manger de l’herbe, la chair des chevaux, des chiens, à la suite des saisons pluvieuses et froides, catastrophiques pour les récoltes. On a évalué le nombre des morts en France à 1 600 000 (J. Dupâquier) ou à 2 800 000 (M. Lachiver), famine et peste, pour une population totale de 20 millions.
La forêt de Rouvray souffre, elle aussi, “du cynisme de Grigous, affairiste sans scrupules, toujours prêt à réaliser de juteuses opérations financières, facilitées par le manque de clairvoyance et de volonté des gouverneurs. La rotation des coupes y est fixée à 14 ans (32 en forêt de La Londe). Les arbres de 300 arpents seulement sur 8030 atteignent l’âge de 20 ans. Les aliénations du domaine sont nombreuses : 180 arpents en faveur de Robert de Hanyvel, 600 au premier président de la Cour des Comptes et, en particulier, pour Antoine de Gaumont, homme d’affaires de Mazarin et maître d’hôtel de sa Majesté, qui devient seigneur des Essarts en 1657 et acquiert 209 arpents. Mieux, l’affairiste Bonnel possède alors 5 890 arpents de forêt (environ 2 900 ha). Le Bois des Pères est détaché de la forêt domaniale.
Par ailleurs, on commence à défricher d’épais fourrés de terres “vaines et vagues” entre le Grand et le Petit Essart, qui vont devenir le Clos du Désert ou Clos Saint-Yon (1665).
Le textile se répand dans les campagnes. On voit se multiplier les métiers à tisser la laine ; les tisserands à domicile travaillent pour des marchands de Rouen.
Des travaux importants améliorent (un peu) l’état du “grand chemin royal de Rouen à Pont-Audemer” (passant par le centre du village et “la montagne de Moulineaux”) en 1625.
Dans l’église Saint-Martin “il y a nécessité de refaire tout de neuf les vitraux de l’église… attendu que tout est cassé et brisé”.